a retravailer 2

11-04-2020 à 10:17:28
Nous avons reçu une réponse de Roger Héquet à nos observations concernant sa démarche.3 En gras, R. H. nous cite puis répond :

JH : “Les astrologues sont confrontés à trois défis à gérer : le Ciel, l’Histoire, les Hommes. Il y a deux réponses : celle qui refuse les limites et celle qui pose des bornes au champ de l’astrologie.”

Je serais peut être ici plus “modeste” que vous Monsieur Halbronn. Pour une fois… J’en arrive à penser que “nous” n’aurions, astrologues, “que” deux défis à relever plus qu’à gérer encore : le Ciel et l’Homme, ou les hommes par extension.

Je pense l’Histoire déjà trop “culturée”, interprétée, “hantée” déjà du complexe humain, pour ainsi être ou devenir une “condition” à l’astrologie, son esprit, ses principes, sa finalité.

Je pense que l’Histoire participe déjà d’une interprétation du monde, continue à participer à une vision Politique du monde, parfois politicienne. Une Histoire qui participe encore, comme la sociologie, la psychologie, la philosophie, à l’élaboration d’un schéma structurel “raisonnable”, “sensé”, du monde comme de Soi. Une “projection” humaine.

Une Histoire qui serait ainsi de l’ordre du “relatif” quand le “signe” astrologique, plus que son langage encore à élaborer de manière stricte, serait du ressors d’un absolu mathématique.

Sans doute alors ce signe astrologique ne serait pas, en aucun moment, accompagné d’autre sens que celui de sa chronologie. D’un “Ici et maintenant” absolu. Tout autre sens lui sera offert dans un accompagnement humain, en réaction.

Qu’il nous faille, pour rendre intelligible ce “signe” à nos structures mentales et psychologiques, pour même qu’il nous devienne utile, l’ “habiller”, le faire accompagner de ce sens, qu’il soit spirituel, philosophique, psychanalytique, raisonnable ou historique, très bien, mais il est en ACB considéré dans le signe astrologique, sa finalité objective, sa “fin” mathématique, “sans âme” mais au Principe strict.

Une Puissance à la finalité brute qui s’imposera aux “moyens” humains. A ces besoins de compréhension, de maîtrise mentale. Une “Volonté de Puissance vers”… chère à Nietzsche et dont les buts dépasseraient largement les champs de notre conscience. Gagner le combat “du Vivant”. De son vivant. Semblable combat du vivant en Soi comme dans tout l’univers.

L’astrologie nous donnerait à observer la coïncidence d’un temps, d’un idéal mathématique qui nous habite, avec la “nécessité” que nous aurions d’ “être”, de devenir, d’exister. L’existence comme prolongement énergétique à cet “être”, un support à notre équilibre mental, pavée de toutes nos “bonnes intentions”, nos “bonne raisons”, fait d’une succession de “bulles”, de formes projetée d’une formidable énergie contenue en chacune de nos cellules. Quelques moyens d’acheminer une “fin“ brute qui se “fichera” pas mal de ce que nous aurions “mis en place” pour l’exister. Nous évitant ainsi quelques schizophrénies chroniques à notre approche de Soi et du monde.

L’astrologie comme Fin “obligée” et non comme Moyens. Ces derniers nous appartiennent. Appartiennent à notre raison, nos consciences limitées de ce formidable combat qui nous habite et habite le monde.

“Ce qui nous frappe, c’est que les tentatives pour endiguer l’astrologie aient en grande partie échoué, comme si l’astrologie n’était pas capable de se centrer, comme si elle voulait, de façon boulimique, s’approprier le monde, sans critère et sans limite. L’urgence d’une réforme de l’astrologie nous semble flagrante, celle d’une cure d’amaigrissement, d’un régime assez rigoureux.”

Une cure d’amaigrissement ? Quand l’astrologie est déjà un corps rachitique de son peu d’efficacité, de cohérence, de sérieux souvent. Voyez le “poids” de la biologie, de la physique, de la mathématique ,sur la lecture que nous avons de nous même et du monde qui nous entoure.

S’approprier le monde, sans critère ni limite ? Mais je pense à ce qu’est l’Astrologie, plutôt à ce qu’elle serait si… elle fonctionnait exactement, systématiquement, comme on l’attend d’une science. Une science de l’action de Soi autant que de la Connaissance de Soi. Ce qu’il faudra bien qu’elle soi. Histoire déjà que nous ressemblions un peu plus à cet Etre Philosophique cher à notre siècle des “lumières”. Et la Philosophie s’articule autour de ces deux axes d’action et de connaissance. Une science qui aura parfaitement su ces cinquante dernières années s’approprier “l’espace humain” avec une astro-psychologie devenue performante et efficace, mais qui se devrait à présent sans doute de s’approprier son “temps”. D’ainsi toujours plus “justement” coller à la réalité humaine qui fera véritablement de cet Homme un “espace-temps-sujet”.

Cette science serait extra-ordinaire. Une de ces sciences qu’on nommait “magiques” à une autre époque parce qu’elle se devait de considérer toutes les dimensions du vivant.

L’astrologie qui me préoccupe concerne certainement plus le “Vivant” que l’individu qui lui donne conscience mais quel magnifique support de ce vivant dans cette condition humaine !

Je n’ai jamais cesser de rêver à l’astrologie comme on imagine une science absolue. Sinon de quelque absolu. Quand bien même celui ci serait mathématique, une équation radicale.

Alors la limiter dans ses possibles quand elle en est restée à des balbutiements ?

S’offusque-t-on lorsque après avoir demandé le champs des possibles de la biologie, de la physique, un chercheur vous dit qu’il n’en sait rien, que tout est possible ?

Devons nous à ce point ôter à l’astrologie, à son Principe déjà, ce champs de ses possibles sous prétexte qu’avec ce peu de son savoir encore nous ne savons pas, n’avons pas su la faire la faire fonctionner telle qu’elle se devait, j’en suis certain pour beaucoup d’astrologue praticiens, de fonctionner dans nos esprits de chercheur aux premiers abords de notre recherche d’elle ?

Je prétends ainsi à l’astrologie un champs des possibles grandiose. A nous de le vérifier. De l’expérimenter. De la concevoir en nous appuyant bien sur et oh comment, avec conviction, sur cette “Tradition”, cette connaissance empirique, qu’accompagnait sans doute quelques inconscients… ce “savoir qui ne sait pas”, mais aussi en faisant en sorte d’enfin dépasser cette “Tradition“ qui sera devenue une tradition, presque une habitude.

Nous en sommes ici… Nous voyons le résultat… Muni de nos connaissances et de celles de spécialistes de chacune de nos sciences allons maintenant plus loin. Et jusqu’aux trans-saturnienne puisqu’elles sont.

La complexité humaine moderne, consciente comme inconsciente, celle de son existence même, a bien besoin d’autres points de repères, d’autres éclairages qu’il fut nécessaire il y a encore 150 ans. Expérimentons !

En sachant bien évidemment nous séparer, avec objectivité, de ce qui ne “fonctionne” pas. En considération, encore une fois, de toutes les dimensions de l’Homme, de son espace psychique et de son temps déjà, qui lui offriront un “ici et maintenant” objectif, une réalité humaine individuelle et mesurable. Ainsi de toutes les réalités.

Depuis 2002, la science aura continuée à avancer en tenant compte de ces réalités.

“Roger Hequet, la cinquantaine, fait partie de ceux qui exigent beaucoup de l’astrologie et peut-être trop; il est en tout cas aux antipodes de l’astrologie humaniste et de l’astrologie conditionaliste, qu’il trouve probablement trop “molles” et vagues.”

Il ne sera jamais inscrit sur le fronton de “mon” astrologie : “Ça m’suffit”, c’est exact.

La vision “humaniste“ ou conditionnaliste des choses nous la pensons trop “confortablement”, intellectuellement, installée sans doute oui.

Je ne conçois la liberté humaine que d’accompagnement, d’adaptation, à son Intérêt Premier. Cosmo-génétique.

Un patrimoine humain que se partagera la biologie et l’astrologie si cette dernière le décrira dans une lecture “finalisée“.

Liberté d’accompagnement: je me casse la figure, je n’ai pas choisi, mais maintenant il m’appartient, c’est vrai, de me relever en pleurnichant ou en pensant qu’il me faudra désormais faire plus attention. En me questionnant déjà sur les causes immédiates de ma chute. Et ainsi toute notre existence. C’est non seulement ainsi que je pense mais c’est aussi ainsi qu’expérimente la “chose” l’astro-chronobiologie. Nous apprenons d’expérience et n’avons aucune maîtrise sur la chronologie et la teneur avec laquelle cette “expérimentation“ de l’existence se fera. Nous ne sommes “que” des “réactifs”. Dès lors en effet l’astro-chronobiologie fait figure d’épouvantail.

Mais où donc se situe notre libre arbitre ? Nous sommes déterminés de notre couple et de ce qui, en Soi, l’aura “provoqué” et le fera plus ou moins bien perdurer, déterminés de la Présence de nos enfants, de celle de nos voisins, de l’exigence à être de chacun de nos semblables rencontrés. Déterminés socialement, culturellement, économiquement, mais bien sur, et toujours, nous “acceptons” plus ou moins “heureusement” de l’être et jusqu’à l’oublier, pour quelque nécessité et raisons.

Ne croyons pas qu’un quelconque déterminisme cosmo-génétique, astrologique pour faire court, aurait lui, de son coté, forme d’extra-ordinaire. De monstruosité. De façon semblable il empruntera, il emprunte, la voie de la nécessité et de la raison. De la logique. De “notre” logique. C’est dés lors raisonnablement que nous existons déjà de ce déterminisme. Rien qui ne nous choque la plupart du temps de celui ci dans nos “ici et maintenant”. Tout nous pousse, tout nous entraîne, et jusqu’à notre raison et intelligence, vers ce dont nous sommes faits, vers ce que nous sommes destinés à être, à devenir. Sans heurt à notre nature puisque c’est elle même qui porte une destinée qui lui “correspondra” idéalement alors. Puisqu’elle même sera celle ci.

Il ressort encore de ces “écoles” et théories que l’astrologie ne sert à rien d’autre qu’à être un support supplémentaire, presque quelconque, à d’autres “intérêts” intellectuels : une spiritualité qui se vivra parfaitement sans l’aide de l’astrologie, une névrose qui saura se faire accompagner d’autres moyens thérapeutiques, un “humanisme” un peu trop “occidentalisé”, “confortable”, politique, etc.

“On peut dire qu’il aborde, avec son ACB (Astrochronobiologie), l’astrologie mondiale avec les outils de l’astrologie individuelle, c’est-à-dire en dressant des thèmes pour des dates et des lieux précis, plutôt que de considérer les grands cycles planétaires. Ainsi, préférera-t-il fixer des moments cruciaux plutôt que des phases, des périodes.”

Si effectivement l’ACB utilise les outils traditionnels d’une astrologie individuelle pour “suivre” le monde, le plus précisément puisqu’à la journée, il est parfaitement possible à l’astro-chronobiologie d’extraire d’un Graphe dit mathématique, les “signes” astrologiques significatifs pour de longues périodes, sinon même d’une ère. De l’heure au millénaires.

Le manque de temps m’aura empêché d’explorer justement ces grands axes mondiaux, ces périodes mondiales qui sont si chères à l’historien que vous êtes Monsieur Halbronn.

Mais aussi tant et tant à comprendre de notre monde actuel, à suivre, à questionner, à expérimenter, peut être un jour à prévenir… quelque part. N’est ce pas aussi une raison d’être de l’astrologie de nous donner à prévenir ? D’être utile à l’expression de notre vivant.

Qu’il soit alors donné à nos fonctionnements d’adaptation de toujours mieux fonctionner, plus raisonnablement. Idéalement. Au nom d’un “ordre”, un “sens”, humano-cosmo-biologique qui vaut sans doute bien autrement que celui des intérêts pétroliers.

Et quand bien même nous n’aurions que peu de marge de manœuvre dans un déterminisme quasi absolu, en Soi, de Soi, de sa dimension astrologique, je pense la liberté humaine dans ses possibilités de “déplacer” la finalité à ce déterminisme.

Cette liberté plongerait ses possibles dans l’analogie des mondes sectoriels. Les maisons astrologique. Véritables portes ouvrant sur un choix des possibles dans ce “déplacement” d’une “forme” à une autre de “substitution”.

“Hequet nous parle d’aspects exacts et non larges alors que par ailleurs les choses dans le monde suivent une progression, se développent, se déploient.”

Hum, en sommes nous encore à “mesurer” les saisons Monsieur Halbronn… Je plaisante en me souvenant d’une de vos réflexion à Chantal DEPOUX présente à notre réunion.

Demandons nous plus sérieusement si l’existence de certains de nos consultants leur laisse autant de “temps au temps” ? Et pourquoi d’ailleurs laisser ce temps au temps quand nous n’en avons que si peu et que déjà nous comptons chacun de nos pas qui devront nous emmener au terme ? Chaque jour est un jour nouveau de prolongements, de transformations, de formes nouvelles. Le regard de l’historien que de ne vouloir observer du vivant, individuel ou mondial, que ses grands mouvements collectifs ? La révolution française ne s’est certainement pas faites en un jour, ni en 1789, spontanément, mais plus vraisemblablement aura- t-elle été issue, l’issue, d’une succession de personnages particuliers, de jours, d’instant, particuliers, qui eux mêmes auront été formatrices d’années particulières qui pas à pas auront tissée une logique, une raison, historique. Qui en fera alors une nécessité. Nécessité qui, bien évidemment aussi, sera décelable dans sa pleine expression, pour l’année 1789. D’une autre force de projection qui nous en donnera la possibilité.

Chaque jour serait ainsi non seulement à mesurer mais à comprendre, à accompagner, à prolonger, sur le support astrologique. Chaque jour ainsi nous allons au devant de ce qui nous attend “brutalement” et les conditions de ce qui sera confrontation entre cette finalité et nos attentes humaines se comprendront, se prépareront, de chacun de nos jours. De chacun des éléments qui feront l’ensemble que nous auront “conscientisé” en finalité.

Pour la “petite histoire”, je ne suis pas certain que la vie d’un gagnant au loto d’un million d’euros n’ai pas strictement changée à l’exact instant où il aura “remarqué”, Vendredi à 20h45, qu’il avait gagné. Point d’orbe ici je vous assure… Entre “sa veille” qui lui faisait craindre pour sa pleine sécurité et ce jour, cet Instant, qui lui offre de devenir plus confortablement quel point commun ? Pourra- t-on ainsi englober dans un même “signe” ces deux “existences” aussi différentes, une qui se termine, une qui s’est à ce point transformée qu’elle semblera commencer ? L’important ne sera pas même uniquement celui du “signe” ou de la signature du “Fait”. En ce signe, cet aspect, ce complexe, serait contenu la “finalité”, au terme des transformations qui lui feront suite, à ce fait.

Je ne suis pas encore certain non plus que les habitants de Bagdad, de Tel Aviv ou de Ramallah, ne sanctifient pas quelque part chaque jour passé sans attentat meurtrier. Point d’orbe ici aussi pour ceux ci. Hier 20 morts dans un bus, aujourd’hui un peu de paix. L’astrologie ne ferait ainsi aucune différence entre ces deux jours ? Ces deux réalités successives ?

Comme en ACB mondiale, certaines possibilités techniques du système offrent d’extraire des potentialités individuelles sur de longs mois ou plusieurs années mais l’“urgence” du jour et de son lendemain est aussi quelque part devenue de notre monde.

“Pour lui, l’accent mis sur le thème confirmerait symboliquement l’importance du biologique, de l’intérieur et limiterait en quelque sorte la part de l’astronomique, de l’extérieur.”

Comme théorise la Tradition : “Ce qui est en haut est égale à ce qui est en bas”… Le plus “grand” comme le plus “petit”… Il y a déjà quelques années qu’avec l’avance de la biologie ce “plus bas”, ce “plus petit”, n’est plus l’Individu comme ensemble mais est sa biologie, ses gènes. L’endroit de son énergie “primale”.

Dés lors l’ACB “s’adapte” sans doute en pensant que l’immensément grand cosmologique est égale à l’infiniment petit qu’est notre cellule. C’est dans cette cellule que le système placera, en son centre, la carte du ciel chère à nos pratiques. Schéma structurel encore primitif bien sur mais autant que peut l’être celui d’électrons tournant autour d’un noyau atomique. Nous serions composés d’elle. Nous serions elle, elle serait nous. A chacun de ses “pas” serait un des miens. Avec peut être un objectif à notre portée au moins: En conscience, faire coïncider notre temps et notre espace. Idéalement.

Nous portons dans notre génétique ce que l’ACB nomme un “idéal”, les possibilités d’un “synchronisme” parfait entre ce que “nous veut” le ciel et ce que nous souhaitons profondément, abruptement, être. Et tout ce qui entrera, tous ceux qui entreront, dans notre sphère d’influence, notre espace vitale, en vertu d’un Principe premier, tendra, tendront, à nous conduire, à nous pousser et attirer, à celui ci. Plus ou moins aisément ou violemment.

Idéal que nous pouvons bien sur, c’est peu de parler alors de cette liberté ci, gâcher ou au contraire magnifier dans sa texture, au moyen toujours de quelque attitudes “affectives”, humaines… trop humaines parfois : l’impatience pour le moins, la faiblesse ou la lâcheté, bien sur l’ignorance pour une grande part, mais aussi l’amour et la compassion. La confiance.

Mais en marge pourrait on dire de cet état de Soi, le fait, la situation, astrologiquement “attendus” pour tel ou tel jour, sera effectivement au rendez vous, abordée de quelque raison, entraînée de quelques nécessités et personne n’y échapperait qui même, de ses “petits bras musclés”, ou partant d’une volonté humaine que nous connaissons trop bien pour en attendre à ce point, tenterait de changer la position natale d’un Pluton sur son thème d’une même façon qu’il ambitionnerait d’arrêter le temps.

Seulement, pour accompagner ce fait, cette situation, notre présence au monde reste essentielle pour faire en sorte que ce qui nous aura été “donné” de potentialité, de puissance, à être Soi, au bout du compte et pour n’avoir pas su ou pu être parfaitement celui ci, ne rende plus compte que partiellement, et proportionnellement à cette “inexactitude”, de ce qu’elles nous “promettaient”. Idéal… Idée fondamentale et fondatrice de Soi. Sa “forme” première.

Si le chaos ne “pensait pas” - nous dit Bernard Edelman4, s’il ne “créait” pas, s’il était composé de forces purement quantitatives, il n’y aurait ni devenir, ni éternel retour : à un état, succéderait mécaniquement un autre état, dans un mouvement éternel et vide. Mais le chaos “pense”, le chaos “vit” dans ses propres forces, il “crée” avec ses propres forces. “Penser” au stade primitif (pré organique), c’est réaliser des formes. Comme dans les cristaux. En d’autres termes, le chaos “pense” par “forme”, il construit son ordre dans des formes et le devenir lui même est une succession de “formes”.

Nous sommes issu de ce chaos… De cette forme initiale en perpétuel devenir… D’abord celle ci n’aura probablement été qu’une ombre et jeu de contrastes sur quelque mur au devant de Soi comme en soi. En quelque “caverne”, quelque crainte primitive, quelques ignorances “basiques” aussi.

Mais “Il n’y a pas de fait, rien que des interprétations” souligne Nietzsche.

Une Conscience des choses de Soi et déjà sa projection au delà. Une “attention” à l’existence de son vivant. Alors la forme se précise, se spécifie, se personnalise pour déborder son expression la plus simple, le “vivant primitif” qui nous habite dans ce qui serait encore une “soupe énergétique”. Sans forme “durable”, identifiable comme telle. Remarquable. Dieu, “lui même”, est il écrit dans la Bible, “forma” le premier homme d’un peu de terre et d’un souffle.

Commençons par imaginer ce qui peut être au centre de notre carte du ciel… faisons rayonner vers l’extérieur de cette carte mille faisceaux de “lumière”. Pour cela il suffira de laissez notre ordinateur tracer en ce centre et en couleurs tous les aspects possibles… en augmentant les orbes au maximum. Observons cet amas d’énergie dessiné en ce centre, au centre de nous. Cette énergie nous est vitale. Elle est l’expression “brute” de notre vivant. Contenue au plus profond et “lointain” des atomes qui nous composent elle passe d’abord par un premier filtre complexe qui attend le débordement de cette énergie tout autour du cercle zodiacal : la structure de notre ciel, ses formes, forces et particularités propres… chaque point à sa place, sa position en secteur et en signe, sa longitude. Passant “devant” un Jupiter qui serait à 12° 05 du Sagittaire et en V, la “lumière”, l’énergie vitale, projetée du centre (de votre thème comme, en temps réel, du cœur de votre réalité génétique ), en prendra la “forme”… comme l’éclat lumineux d’une bougie passant devant quelque autre réalité “formelle” projettera la forme de celle ci sur… le mur “noir de nos nuits blanches” dit le poète.

Un second “filtre” attend cette force brute… le codage de nos gènes… Nos “formes” suivantes… biologiques, physiologiques, physiques…

Cette énergie vitale, au centre de cette carte cosmo-biologique, mue certainement par ce que Nietzsche nomme “Volonté vers la puissance”, tendra toujours à “déborder” l’extérieur du cercle zodiacal, pour toujours plus d’existence, de Durée, de Vivant, à l’image de l’univers.

En finalité, ce que nous projetterons de Soi sera de l’existence, du “remarquable”… après encore devoir passer par quelques autres filtres secondaires… “culturels”, sociaux…

L’organisation psychologique et sociale de l’expression de sa “Volonté de puissance” propre.

“Pour Roger Héquet, c’est l’individu qui prime et tout passe par son thème, quitte à le faire progresser selon telle ou telle technique de directions plutôt qu’en prenant en compte les transits.”

Non pas par telle ou telle technique de direction. L’ACB est un complexe cohérent qui se suffit à lui même comme structure.

“Il convient également de se demander quelle est l’importance du facteur féminin dans les orientations prises par l’astrologie.”

Je vous suis parfaitement ici Monsieur Halbronn. Quand bien même, aussi, mon “image” déjà bien écornée s’en trouverait brûlée sur la place publique.

La “responsabilité” de la femme astrologue dans une astrologie “fouillis”. Dans laquelle se trouvent mêlés tout et son contraire… dans un souci qui serait, féminin, spécifiquement, de ne rien rejeter de ce qui, pourquoi pas, pourrait très bien “fonctionner”, en tous cas n’être qu’un “plus”. Obéissant ainsi à sa nature qui serait de “prendre” et de “composer” plutôt que de rejeter… Quitte à ce qu’à force de “prendre” et d’accepter de tout ce qui lui est proposé “pourvu que la paix régnât”, l’astrologie tant dans sa théorie que dans sa pratique, ne ressemble plus qu’à un jeu de société dont les règles seraient ainsi changées chaque lendemain de partie pourvu encore que le jeu continue de “divertir”, au pire, sinon à servir, au mieux, quelque autres intérêts principaux, pouvant être parfaitement respectables, professionnels ou personnels, auprès desquels l’astrologie ne sera plus pourtant et de nouveau qu’un support de plus, en tous les cas dont la “vérité”, l’efficacité propre, la logique, la cohérence, seraient secondaires face à quelques autres finalités dites plus “objectives”.

Je me demande ainsi si, dans un choix qui serait de rejeter, soit la “cohérence” astrologique à sa disposition, soit celle de la psychanalyse, ce que ferait en finalité une astro-psychologue de l’Ecole de Philippe Granger, très sympathique et compétente dans son domaine, telle que Chantal Depoux ?

Assurément, mais je m’avance peut être, sa “raison” professionnelle (sa conscience ?) lui donnerait à faire le choix de garder, tel que, la cohérence du savoir psychanalytique et de laisser tomber un matériau astrologique pouvant être un excellent support, dans ses conditions, mais qui, livré à lui même, non plus accompagnées des théories freudienne par exemple, ne saurait plus trop cacher son incohérence, ses imperfections fondamentales. Quelques inefficacités chroniques.

Il est certain ainsi qu’accompagné par un “mastodonte” tel que la psychanalyse on peut ne pas se sentir “menacer” dans son efficacité par les innombrables incohérences de l’astrologie actuelle. L’arbre qui cache la forêt le voila. Il en est autrement lorsque le praticien est astrologue, uniquement astrologue j’allais dire. Lorsque l’astrologie, de son Histoire à sa pleine pratique, est l’unique support à l’utilité professionnelle du pratiquant, à l’utilité de sa pratique tout simplement. De sa recherche.

Alors ? Responsabilité de la présence de plus en plus forte des femmes astrologues pour ce “magma” ?

Certainement déjà ne peut on nier effectivement la différence homme - femme dans la façon de percevoir, de “sentir”, d’aborder, de “finaliser” en général. Alors bien sur cela devrait se faire “remarquer”, aussi, dans les domaines de l’astrologie.

“Le paradoxe, c’est que plus l’astrologie se voudra totalisante et plus ses rapports avec d’autres savoirs seront difficiles : il nous semble en effet que les autres professions attendent de l’astrologie qu’elle connaisse ses limites pour lui faire une place.”

S’il est parfaitement raisonnable et nécessaire de penser aux limites actuelles de l’astrologie, la pensée du chercheur que nous sommes ne s’intéressera à ces limites que dans l’objectif de les dépasser.

Je n’ai personnellement et modestement sans doute aucune envie que ces “autres savoirs” nous fassent une place avec une astrologie qui aura été pensée, à priori, raisonnable, ou plus raisonnable, “politiquement correcte”, par des non-astrologues.

L’astrologie sera un jour “acceptée” comme science à part entière parce qu’elle démontrera sera mesurable enfin, expérimentale. Elle accompagnera ces “autres savoirs” comme un savoir elle même. Il ne s’agit pas de négocier avec la science un strapontin au nom d’une coupe de cheveux plus réglementaire, mais de proposer à cette science un matériau, une finalité, scientifique. Des résultats statistique au moins et déjà.

La psychologie fait déjà “une place” à l’astrologie, la sociologie aussi, l’histoire également. Qu’en retire l’astrologie ? Sinon de devoir toujours plus s’effacer, devenir raisonnable, façonnée, instrumentalisée, pour ne pas être purement éjecté même de son strapontin.

“Or, le discours astrologique nous semble foncièrement exclure ce qui n’est pas lui-même, ce qui signifie qu’il n’a besoin d’aucun autre savoir pour appréhender le monde dans sa totalité.”

Une collaboration entre différents savoirs est plus que nécessaire pour en effet prétendre à “coller” à la réalité pleine. Que puisse être donner à une tendance un sens objectif, raisonnable, la placer dans une continuité, un mouvement qui nous sera “logique”.

Maintenant il ne faudrait pas qu’à l’inverse l’Autre se serve de l’astrologie que comme d’un support sans finalité propre. Un peu ce qui se passe en astrologie boursière où l’analyse est fondamentalement et essentiellement boursière, point, en donnant à l’astrologie un rôle de support original mais sans finalité propre qui ne serait pas d’abord issue d’une stricte analyse boursière. Là également nul besoin de l’astrologie pour boursicoter.

“C’est une certaine difficulté à reconnaître ce qui n’est pas soi alors même que le monde semble très bien pouvoir se passer - excès inverse - de l’astrologie.”

Hum je pense que le monde est astrologique sans le savoir, depuis son apparition… Un peu comme le héros de Molière… Mais ce qu’on ne sait pas en nous on fini toujours quand même par le projeter avant que de le raisonner éventuellement… J’apprends énormément sur les “raisons” d’une astrologie en lisant les travaux du mathématicien Jean Louis Krivine, de l’Université de Jussieu sur le “lambda calcul” qui unifie les mathématiques, l’informatique et le cerveau.

“Ajoutons qu’il nous semble également devoir décider si l’astrologie doit s’aligner sur le savoir populaire ou sur un savoir plus sophistiqué.”

Nous pourrions nous demander la même chose concernant la chimie ou la biologie, de la physique, n’importe quelle discipline technique et spécifique.

Le “questionnement consultant” est le plus souvent relativement simple, la réponse qui devra lui être donnée se devra d’être compréhensible aussi, clairement énoncée, sans plus d’ambiguïté, qui tiendra compte des limites actuelles à la pratique de cette science.

Maintenant qu’entre la question et la réponse le praticien, le technicien, passe par toute une complexité, une cohérence, que son expérience saura quelque peu maîtriser, ça ne regarde pas le questionneur. C’est ici affaire technique et le vivant, son existence, est assez complexe et riche de particularités pour ne pas sacrifier à le mesurer d’un bout de bâton trouvé et ramassé sur le chemin.

Demandons à un physicien de nous expliquer, techniquement, la fusion de l’atome et nous verrons si son discours ne nous apparaît pas trop complexe. Maintenant, comment au mieux traduire un complexe astrologique ? Le mettre certainement en “situation”. Faire d’une “condition” astrologique une “situation” effective.

S’il est travaillé sur le graphe mathématique d’Israël et que pour demain il est extrait un Pluton, en VII, carré de Saturne, en X, qu’en déduira l’astrologue ? Que l’ensemble des objectifs d’Israël (pouvoir, maîtrise, en place), qui auront pour supports ces deux axes VII -I et X-IV du “législatif” et “exécutif” ce jour là, aura à “subir” cet aspect. Et ici qu’importe ce que comprendra cet ensemble: Une loi à voter au parlement, une consultation électorale, etc. Nous sommes ici dans ces secteurs pleinement dans l’analogique.

Qu’importe, la “chose” s’en trouvera malmenée dans les attentes de, toujours, celui ou “ce” qui est au commandes du pays. Point. Maintenant certainement que cette finalité du signe se traduira autrement plus “raisonnablement”, intelligemment, d’une connaissance politique d’Israël, de son cheminement, de ses “attentes” et autres priorités. Ici la collaboration de l’historien et de l’astrologue sera des plus enrichissante.

Si l’astrologie a vocation à “signer” et explorer chaque dimension humaine, l’astrologue ne peut être lui à la fois physicien, psychanalyste, bouddhiste, musicien, politique, économiste, sociologue, historien. La collaboration entre ces différents savoirs, langages, objectifs, est bien sur alors plus que nécessaire pour que le politique puisse nous dise que pour demain se prépare un débat législatif important en Israël, qu’un projet de loi se devrait d’être voté qui impliquera la politique gouvernementale. Donnant ainsi à ce complexe astrologique “visage humain”… prenne tout “son” sens.

Pour qu’ainsi il soit possible à l’astrologue de finaliser la chose en considération de son savoir sur la fonction des intervenants à sa pratique spécifique.

Lors de mes rares consultations, préférant l’enseignement et la recherche, il sera prit la mesure “objective”, raisonnable, de l’actualité du consultant. De son ou de ses “ici et maintenant” dans son existence. Ses attentes, ses priorité, propres. Actuelles. Une reconnaissance de l’“incarnation” des principes planétaires et énergétiques pratiqués en astrologie en et pour cette personne… Mettre mon “savoir”, une “condition” en “situation”.

“Mais ce niveau de langage est scientifiquement très insuffisant et certains semblent s’en contenter, s’y complaire, même dans le champ de l’astrologie mondiale. Il nous semble, bien au contraire, que l’astrologie doive dialoguer avec des représentations sensiblement plus élaborées, d’où la nécessité de s’adresser à des spécialistes, au lieu de faire des sciences humaines au rabais.”

Certainement.

“Car tel est bien ce qui distingue l’astrologue de terrain du véritable chercheur en astrologie, à savoir la fixation sur l’unicité de l’événement et de la personne sans se rendre compte que cela va carrément à l’encontre de la vocation de l’astrologie qui est de rapprocher ce qui peut paraître distinct et non pas de différencier à tout prix ce qui est semblable.”

La personne ne nous apparaît pas si “unique” dans au moins son cheminement. Qu’elle particularise, emplie de culture, à outrance ce cheminement et sa mécanique c’est un fait mais bon… Mesurer le monde n’est pas si différent de mesurer l’individu qui l’habite et le façonnera à son échelle. L’astrologie adaptera sa finalité. Plutôt ainsi que de travailler de concert avec un historien il le fera accompagné de l’individu concerné.

“Un autre problème est celui du recours à une astronomie fictive (dignités planétaires; décans, heures et jours planétaires etc.) laquelle n’a pas été évacuée au sein de l’astrologie moderne, ce qui constitue également un anachronisme en sens inverse. Il ne faudrait pas en arriver à corriger le travail de l’astrologue d’antan pour l’aider, en quelque sorte, à améliorer ses performances.”

Les “choses” s’expérimentent. Pour quelques rares points fictifs et 4 astéroïdes utilisés par l’astro-chronobiologie, après des années d’observation et d’expérimentations, une dizaine ont été laissés pour compte comme non significatifs.

“C’est ainsi que Roger Héquet laisse entendre que les astrologues d’antan, du fait qu’ils ignoraient les nouvelles planètes ne pouvaient pas faire du bon travail mais cela ne l’empêche pas de reprendre à son compte la tradition astrologique notamment des maisons et des maîtrises alors que l’on voit mal comment celle-ci pourrait être valable avec tant de lacunes d’ordre astronomique, en termes d’aspects notamment.”

L’ignorance des nouvelles planètes par nos anciens n’est pas la cause de l’inefficacité de l’astrologie d’antan. Son utilisation des Transits en est une raison plus conséquente. Mais, plus grave certainement, il n’aura pas été tenu compte, parce qu’il n’était pas temps, d’autres compréhensions, d’autres savoirs justement. C’est ainsi qu’il nous apparaît que le prolongement actuel de la tradition astrologique se devra de tenir absolument compte de 4 axes, de quatre “humiliations“, décrites par Science et Vie (n° 1013 de Février 2002) :

“Après l’humiliation cosmologique de Galilée qui a chassé l’Homme du centre de l’univers, l’humiliation biologique de Darwin, qui l’a rejeté dans la même cour que les animaux, et l’humiliation psychologique de Freud, qui lui dénie la maîtrise consciente de ses actes, Jean Louis Krivine (le découvreur du lambda calcul) nous inflige peut être une quatrième humiliation, neurologique cette fois : il assimile notre cerveau aux simples circuits électriques d’un ordinateur de bureau. Nous pensons avoir des pensées ; nous ne faisons que reproduire des calculs qui moulinent depuis des millions d’années. mais ces humiliations ne sont qu’apparentes. La dignité humaine n’est elle pas justement de perdre ses illusions ?”

“Les progressions dont se sert Héquet ne correspondent pas à une époque où les astrologues ne parvenaient pas à connaître la position des astres longtemps à l’avance alors que le thème relevait d’une observation immédiate à partir de laquelle il suffisait d’extrapoler à court terme et non à long terme, ce qui permettait d’éviter les distorsions qui n’auraient pas manqué de se produire.”

Rien ne se perd et tout se transforme. L’ACB considère ainsi que notre existence n’est que le prolongement à notre naissance, sa transformation pas à pas et sans cesse à partir d’un même “noyau”, d’une même base cosmo-génétique qu’est la naissance au monde. Il suffira ainsi à l’ACB de schématiser ce patrimoine en une “horloge” astrologique et de le faire progresser, se transformer, par le moyens de différentes forces à la même origine. Une origine, enfin, physique puisque la force dite de projection de base (TSV pour Temps Sidéral Vécu ) est de 24° par an, soit 3.57, le delta T entre le jour solaire vrai et le jour sidéral, appelé TS. Variation astro-physique qui serait contenu en chacune de nos cellules.

“Ne faut-il pas laisser à l’astrologue mais aussi à son client une certaine marge de manœuvre ?”

Il n’apparaît pas appartenir à l’astrologue de choisir le rythme avec lesquelles les échéances astrologique à venir adviendront pour quiconque.

Que répondre à Roger Héquet ?

R. H. a le mérite, un peu dans la même ligne que Patrice Guinard (le “Manifeste”, Site Cura.free.fr) de tenter de formaliser ce que d’autres font sans très bien savoir pourquoi. Haquet nous parle d’une force que l’astrologie tente de décoder avec plus ou moins de bonheur, ce qui permet de relativiser certains errements mais aussi de voir dans chaque propos astrologique un discours inspiré, puisé à une seule et même source. Dans le meilleur des cas, l’Humanité serait l’aboutissement et l’accomplissement d’une telle énergie, ce qui justifierait d’aller chercher dans tout acte humain, le plus humble, une parcelle de sacré, recueillie par le truchement du thème astral de chacun. On peut se demander si le christianisme n’est pas aussi marqué par une telle problématique d’incarnation de l’Esprit au travers même de l’Histoire, ce que nous semble avoir repris un Hegel.

Or, pour notre part, nous nous situons aux antipodes d’une telle représentation des choses et nous croyons bien que là se situe probablement le coeur du débat. En effet, selon le raisonnement que nous venons de décrire, tout ce que nous vivons serait indélébibilement marqué par cette origine cosmique et donc l’astrologie aurait vocation à l’universalité, puisqu’elle s’ancrerait, par définition, dans le champ/chant cosmique. Nous avons décrit, à l’occasion, de notre rapport sur les réunions préparatoires de Juillet (dans la série “L’Astrologie et le monde-le colloque”, Encyclopaedia Hermetica en ligne), à quel point il convenait de réfléchir sur la genèse des savoirs. Mais quel astrologue sérieux se permettrait d’accepter aveuglément tout ce qui a nom d’astrologie ? Le structuralisme nous a appris à quel point l’esprit humain avait le goût d’harmoniser, d’apporter de la cohérence à ce qui était disparate. D’un côté donc ceux qui considèrent que l’astrologie est une somme hétérogène, une sorte d’anthologie de discours qui traitent du même sujet, comme si l’on réunissait sous un seul volume toutes les théories relatives à tel phénomène en les admettant toutes faute de savoir opérer un tri. De l’autre, ceux qui, comme nous, pensent que l’astrologie est malade de ne pas avoir su évacuer déjà sur le plan théorique et non pas sur le seul plan pratique. Quand Hequet nous dit qu’il accepte tout mais qu’à l’usage, il jette beaucoup, on peut se demander par quel processus la sélection s’opère : réponse : par la pratique, par le verdict de l’horoscopie, dont on sait qu’elle a bon dos. Ce qui signifie que les facteurs éliminés n’avaient pas plus de raison, a priori, de l’être que ceux qui ont été conservés et que seul l’usage aura permis, nous dit-on, de trancher. On veut ainsi nous signifier que l’astrologue n’a pas de préjugés théoriques et que c’est la pratique qui opère le tri et non... l’astrologue en tant qu’être doué de pensée. Or, nous avons expliqué, dans nos rapports de juillet, que le féminin avait du mal à trancher par lui-même et qu’il tendait à déléguer, à sous-traiter une telle tâche. Nous sommes heureux de constater une certaine convergence avec R. H. à propos du masculin et du féminin mais rappelons que dans bien des cas le féminin se fait une idée abstraite du masculin, c’est-à-dire qu’au lieu de référer le masculin à l’Homme-mâle, il assigne le dit masculin à une sorte de deus ex machina, dont la consultation astrologique serait une manifestation, un avatar. C’est ainsi que re-masculiniser l’astrologie impliquerait que l’astrologue prenne plus fermement ses responsabilités et qu’il fasse le tri au niveau théorique et non pas au niveau pratique. Le principe des colloques, en général, est d’ailleurs bel et bien de recentrer le débat entre astrologues au niveau théorique. Par exemple, en ce qui concerne le recours aux étoiles fixes, il ne s’agit pas de se lancer à la figure des “ça marche” ou “ça ne marche pas”, mais bien d’expliciter ce qui intellectuellement nous fait adopter ou rejeter celles-ci. Il ne s’agit donc pas de suivre R. H. quand il tente de sacraliser non seulement l’individu comme un être chez qui tout ferait sens au niveau cosmique mais où tout ce qui arrive à l’astrologie relèverait également d’un tel impératif supérieur, ce qui conduit, on l’avouera, à un double fatalisme - une astrologisation du monde - affectant tant l’individu que l’astrologie.

Ce qu’écrit R. H. au sujet de l’urgence quotidienne de l’astrologie est assez sidérant, c’est le cas de le dire et nous pensons que notre ami met beaucoup de pression sur tout le monde. Que R. H. nous pardonne mais quitte à faire de la psychanalyse sauvage, il nous semble qu’il a du personnellement, dans sa vie, subir des situations assez extrêmes qui auront développé chez lui un sens aigu des responsabilités à assumer, vaille que vaille.

Nous avons déjà dans de précédents travaux5 insisté sur le fait que certains événements peuvent peser plus que le schéma astrologique de base mais que parfois de petites causes peuvent produire de grands effets. Un coup de feu peut changer la face du monde plus sûrement qu’une structure cyclique à l’oeuvre depuis des milliers d’années. Et c’est ce qui est demandé à l’astrologue : qu’il reconnaisse l’existence d’autres paramètres susceptibles de venir perturber la belle harmonie cosmique élaborée par les sociétés d’antan, tout comme d’ailleurs, le même coup de feu va compromettre le calendrier soigneusement prévu par nos constitutions républicaines qui jonglent entre quinquennat et septennat, cherchant à ajuster mandat législatif et mandat exécutif. Vanité des vanités ! Ce qui nous renvoie à la statistique et à la probabilité: l’astrologie a raison quantitativement mais elle peut être “dépassée” par les événements, en certaines circonstances, ce qui ne signifie pas dans ce cas qu’elle a tort mais que des interférences se sont produites, possibilité que R. H. s’interdit évidemment d’envisager, ce qui le pousse, irrésistiblement, à la faute, à trop vouloir embrasser, c’est-à-dire contrôler ; c’est ce qui fait que Héquet s’intéresse tant à la mort parce qu’il sait bien que c’est là un facteur qui peut compromettre le cours normal des choses. Au lieu de situer comme paramètre extra-astrologique la mort, en tant que moment imprévisible, même si la mort, en soi est certaine, Hequet veut intégrer celle-ci dans le champ de l’astrologie. Epistémologiquement, R. H. ne semble pas être conscient que tous les paramètres n’obéissent pas à une seule et même logique et c’est pourquoi nous percevons dans sa pensée une démarche, somme toute, par trop féminine, qui met tous les oeufs dans le même panier. Est-ce que les conseils qui valent pour un homme valent aussi pour une femme ? A force de vouloir individualiser à l’extrême, on n’a plus de repères et l’astrologue, livré à sa seule astrologie, est, en pratique, condamné à improviser en permanence, ce qui d’ailleurs le conduit, faute de mieux, à se projeter sur l’autre. Il importe de constituer une typologie des clients et de leurs attentes. On ne contestera pas à R. H. que certains clients ont besoin d’être “coachés” au plus près mais encore faudrait-il s’entendre sur le sens des prévisions : est-ce qu’on annonce à quelqu’un quelque chose parce que cela doit astrologiquement lui arriver ou parce qu’on veut aider le client à bouger, quitte à lui inventer des échéances ? Pour notre part, le client attend qu’on lui force un peu la main dans la gestion de son futur mais ce client il n’est pas fait d’une seule pièce, c’est à la partie la plus infantile de lui-même qu’il attend que l’astrologue s’adresse, qui doit être “raisonnée”. Maintenant, si l’astrologue doit s’adresser à l’adulte qui est en son client, il peut lui parler de la conjoncture générale du monde, comme un conseiller boursier gérant le portefeuille de ses clients en l’informant plus de ce qui se passe dans le monde qu’à ce qui se passe en lui, encore que les deux plans se rejoignent quelque part, qu’il y ait des intersections.

Roger Héquet préfère apparemment le taxi aux transports en commun : il trouve que les gares, les arrêts de bus, les circuits bien établis et fixés une fois pour toutes, ne suffisent pas, il faut aller chercher le client chez lui, à son domicile, et l’amener à destination, au pas de la porte et par l’itinéraire souhaité : ce n’est pas le menu, c’est de l’astrologie à la carte, de luxe. Or, l’astrologie mondiale fait beaucoup plus penser à un train sur ses rails qu’à une voiture individuelle ou à un VTT. L’astrologue est là, selon nous, pour fournir les horaires du train de façon à s’organiser, sachant qu’il y a quand même le choix et que si on ne prend pas le premier train, on prendra le suivant. Mais il y a des gens qu’il faut prendre par la main : si on leur dit qu’ils ont le choix, ils ne prendront jamais le train !

Nous sommes d’accord avec R. H. quand il écrit que le monde, comme Monsieur Jourdain, le Bourgeois Gentilhomme, faisant de la prose, fait de l’astrologie sans le savoir. Quel astrologue digne de ce nom réduirait l’astrologie aux seules personnes qui y croient, attitude au demeurant chère à l’australien Geoffrey Dean ?6 De là à conclure au tout astrologique, il y a un pas que nous ne franchirons certainement pas. Cela dit, nous pensons que l’astrologie n’a pu entrer dans l’inconscient collectif qu’en passant par une société qui pratiquait l’astrologie tout à fait délibérément et sciemment, société où tout le monde était peu ou prou astrologue tout comme de jours tout le monde s’intéresse aux grandes échéances politiques et y participe. Et bien entendu, à partir du moment où le conscient a précédé l’inconscient, ce qui nous intéresse, c’est de déterminer de quel savoir cette société se servait par rapport à quels besoins organisationnels. Et nous avons la faiblesse de croire que le schéma cosmique de référence était des plus simples et suffisait amplement aux besoins de structuration du Temps, pour ne pas parler d’une autre astrologie, celle redécouverte par Gauquelin, laquelle, elle, reliait les diverses professions à diverses planètes. Selon nous, ces deux astrologies ne se confondaient nullement et ont pu fort bien s’élaborer séparément, dans des sociétés bien distinctes avant de se croiser sur différents plans. Faudra-t-il donc que nous rencontrions, un jour, des extra-terrestres pour découvrir, paradoxalement, toute la spécificité de l’activité humaine? Jusque là il nous faudra encore longtemps subir des discours sur le caractère universel de la production humaine, ce qui relève d’un certain anthropocentrisme dont l’astrologie pourrait faire l’économie et qu’elle n’a nul besoin de revendiquer pour légitimer son existence. Le paradoxe est bien là : plus on nous parle de la dimension cosmique de ce que les hommes ont produit et accompli, tant sur le plan intellectuel qu’événementiel et plus nous montrons à quel point nous nous prenons pour le nombril du monde. Le véritable humanisme astrologique consiste, au contraire, à reconnaître que le visage de l’astrologie aurait pu être autre et qu’en tout état de cause, le visage de l’Humanité peut différer fort de celui que celle-ci avait programmé, l’astrologie faisant partie intégrante et probablement déterminante du dit programme mais tout ce qui a été programmé n’arrive pas forcément parce que tout ce qui arrive aux hommes n’est pas programmé par les hommes ni par les astres tels que ceux-ci les ont instrumentalisés, à leur insu, ce qui à l’échelle de l’univers est un bien modeste épiphénomène, qui concerne d’ailleurs bien plus les hommes que les astres.

Nous dirons que la mission de l’astrologue est d’éclairer le monde sur son mode de fonctionnement et le paramètre cosmique n’est pas le seul à prendre en considération. C’est pourquoi nous pensons que des clivages aussi déterminants que le masculin et le féminin font partie de ce champ, tant ils sont susceptibles d’ interférer avec le paramètre proprement astrologique. Le problème, c’est que pour certain(e)s, le paramètre astrologique est précisément censé dépasser, sinon abolir, le clivage masculin/féminin. Mais rappelons-nous quand même que ce qui fait défaut aux gens ce n’est pas le monde immédiat qui les entoure et qu’ils pratiquent au quotidien mais les grandes perspectives et les grands ensembles dont la perception est justement empêchée par l’apparente diversité extrême des choses, des gens et des situations. Pour certains astrologues, ce sont ces manifestations ultimes, dans le quotidien le plus individuel, qui sont au coeur de l’astrologie alors que pour nous, elles font écran avec la réalité proprement astrologique. En réalité, deux logiques nous semblent bien ici s’opposer : l’une féminine, cumulative, ayant du mal à exclure, à rejeter, qui ne veut rien laisser échapper et l’autre, masculine, sélective, qui ne tient pas à se laisser submerger par une vision baroque voire surréaliste de l’humanité. C’est probablement en rétablissant un équilibre entre ces deux fonctions complémentaires que l’astrologie se refera une santé. Certes, il importe qu’il y ait des avancées, des dépassements suivis de replis, de retours - un flux et un reflux - c’est d’ailleurs là une dynamique essentielle en astrologie mondiale.
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